II.2. Ancrage théorique
Les deux
repères théoriques fondateurs du projet de Synevent sont au nombre de deux :
intertextualité et synesthésie.
Le premier
concept puise ses racines dans les réflexions théoriques de Bakhtine sur le dialogisme
et la polyphonie en littérature, réflexions qui ont été exportés dans les
sciences du langage :
« Les
notions de dialogisme et de polyphonie procèdent (…) des écrits
du cercle de Bakthine qui, dès les années 1930, défendent la thèse que la réalité
des pratiques langagières, c’est l’interaction verbale ;que la forme
prototypique de celle-ci est le dialogue et la conversation, et que ces faits
évidents doivent être mis au centre, voire au départ, de l’analyse
linguistique. »[1]
D’après
Bakhtine donc, toute création littéraire s’inscrit donc dans le réseau des
ouvres littéraires précédentes et lui est tributaire, de manière directe ou
indirecte. Autrement dit, tout énoncé se
produit au contact d’autres énoncés et porte la trace de cette interaction dans
sa structure.
La deuxième
notion, celle de synesthésie, est à comprendre en relation avec les réflexions théoriques de Kandinsky et du mouvement du
Cavalier Bleu (Der Blaue Reiter), un mouvement
artistiques du début du XXème siècle rassemblant des créateurs appartenan à différents domaines (arts
plastiques, musique, théâtre, etc.) et partageant la vision d’un art nouveau,
visionnaire et synesthésique. L’utopie des représentants du Cavalier Bleu
était, en effet, de réaliser l’œuvre d’art total (le « Gesamtkunstwerk »),
capable d’exprimer une même résonance intérieure dans des formes artistiques
convergentes et empruntées à tous les arts.
[1] Jaques Bres, Dialogisme et Polyphonie : approches linguistiques,
De Boek Université, 2005, p. 9.